Nil

Michel Cavalca
Michel Cavalca
Pièce pour six danseurs | Création 2011 | Durée 55’

Brume et silence. Pénombre et attente.

Peu à peu, une présence se fait jour, et l’on capte la vision d’un corps qui gravite dans l’espace, dans un mouvement spiral dont l’origine se perd dans les vapeurs inaugurales.

Tour à tour, cinq corps rejoignent le premier, exécutent et répètent en canon la même figure. Quatre danseuses et deux danseurs vêtus à l’identique, pantalon et superposition de tee-shirts : aux formes géométriques courbes et au mouvement perpétuel correspond, dans la symbolique des couleurs, le bleu, celui des costumes délicatement moirés et réchauffés d’un trait d’ocre.

Ils évoluent dans un espace multipolaire, qui les imprègne totalement et décrivent une trajectoire autarcique, nécessaire et infinie, dont émane un sentiment contrasté de plénitude et d’absence. Lointains, à la fois seuls et ensemble, ils semblent en apesanteur, fusionnant avec l’espace, comme portés par les lois de la mécanique céleste, ou par la crête flexueuse d’une vague.

La structure du mouvement fait alterner le concave et le convexe, la courbe et la ligne droite, le descendant et l’ascendant, le continuum et la station immobile. On songe à la contraction rythmique d’un coeur, systole et diastole, à la pulsation lente et régulière.

Mais c’est pour faire advenir du différent que le mouvement itératif fait revenir le même : par le jeu des interactions entre les corps, des variations de perspective, par le travail du temps, des transformations s’opèrent, des sensations surgissent, une situation se crée ; et l’attention est rendue aux détails infimes du mouvement. Nulle frontière entre le dedans et le dehors, entre l’invisible et le sensible : de par sa qualité organique, le mouvement témoigne d’un passage d’énergie, qui prend sa source sous la surface de la peau pour la faire remonter et la propager vers les extrémités.

Les torsions du poignet nouent les reprises, rythment la cadence. Les ondulations de la colonne vertébrale, les déhanchés, les oscillations signent la dimension ornementale de cette stylistique qui évoque l’arabesque, ses asymétries, sa faculté incessante de s’incurver en volutes et méandres.

La musique de Sir Richard Bishop accentue l’aura si particulière des mouvements. Danse et musique s’épousent et dialoguent, rendant sensible la dimension acoustique de l’espace. Aux variations sur le même thème musical, fait écho la succession des figures. La musique assure une fonction dramaturgique et distribue les intensités jusqu’à la phase finale : des notes espacées en broderie arachnéenne, elle vire au phrasé électrisé et dissonant.

L’espace s’atrophie et confine le mouvement, pris d’un tournis rythmique, dans un cercle concentrique. Les corps s’agrègent sous l’emprise d’une attraction fatale. La lumière contient la transe des corps, en proie à une accélération éperdue. La scène suggère des profondeurs abyssales, un trou noir qui aspire et avale les corps.

Etrange final à double détente, où la danse paraît s’ensevelir dans son fantasme, qui est aussi son plus haut degré d’incandescence : au point de rencontre avec son désir d’illimité, elle s’excède elle-même, dans une sorte de dévoration voluptueuse, attestant à la fois son épuisement et son accomplissement. Dans la nuit striée d’un ultime accord de guitare, demeure le rêve d’une fusion extatique dans le mouvement pur.

Graziella Jouan

Chorégraphie, Concept
Laurence Yadi, Nicolas Cantillon 

Interprétation
Luc Benard, Nicolas Cantillon, Gildas Diquero, Lola Kervroëdan, Margaux Monetti, Laurence Yadi

Collaboration artistique
Graziella Jouan, Karelle Ménine

Musique
Sir Richard Bishop 

Mixage, enregistrement
Nicolas Field

Création lumière 
Patrick Riou

Régie technique
Arnaud Viala

Costumes
Philippe Combeau

Graphisme
Yona Lee

Production
Compagnie 7273 

Coproduction
ADC - Association pour la Danse Contemporaine, Genève, CND – Centre National de la Danse, Pantin

Soutien
La Compagnie 7273 bénéficie d'une convention de soutien conjoint de la Ville de Genève, la République et canton de Genève et Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture pour la période 2009-2011.

La Compagnie 7273 est également soutenue par la Loterie Romande, la Fondation Fluxum, la Sophie und Karl Binding Stiftung, la Landis & Gyr Stiftung et l'Artephila Stiftung.

Aide à la tournée
La tournée 2011 bénéficie du soutien de la Corodis et du Pour-cent culturel Migros. La tournée 2013-2014 est soutenue par la  Corodis. La tournée 2014-2015 est soutenue par la Corodis et la Loterie Romande.

Studio de répétition et résidence de création
Studios de l'ADC, Genève, Ballet du Grand Théâtre, Genève et CND – Centre National de la Danse, Pantin, France.

Remerciements
La Compagnie 7273 remercie tout particulièrement Monique Barbaroux, Silvia Bidegain, Philippe Cohen, Anne Davier, Muriel Décaillet, Sylvie Dhuyvetter, Patrick Eberhardt, Sébastien Favez, Nicolas Field, Myriam Kridi, Thomas Lebrun, Yona Lee, Françoise Mamie, Renaud Noël, Claude Ratzé, Hebba Shérif – Pro Hevetia Le Caire, Nicole Simon-Vermot, Sandra Vinciguerra, les studios d’hébergement aux Halles de l’Île (Département de la Culture de la Ville de Genève) et la Villa Bernasconi - Service Culturel de la Ville de Lancy